Je vois de plus en plus de gens se poser la question : court-on le risque d’une deuxième vague de Covid-19 après le relâchement du confinement ?
(pour ceux qui pensent que la première vague est un vaste hoax, si vous n’avez pas peur d’être confrontés à des idées différentes des vôtres, vous pouvez lire mon article sur le sujet puis faites un tour sur le site euromomo.eu)
Les experts
Les excellents résultats de l’Allemagne sont principalement dus à un certain Christian Drosten, virologue de renom, qui a entre-autres développé le test pour dépister le premier SRAS il y a près de 20 ans.
Dès janvier 2020, il a développé les premiers tests pour SARS-CoV-2, ce qui a permis aux structures médicales en Allemagne de tester massivement dès l’arrivée du Covid-19 (pour savoir pourquoi j’ai gardé le masculin, c’est ici), et ainsi d’éviter le pire dans son pays.
En France, nous avons aussi notre héros marseillais, Didier Raoult.
Grâce à son Institut, il a testé au début de l’épidémie plus de gens que la France toute entière. Par ailleurs, il a développé un protocole de traitement à partir d’hydroxychloroquine et d’azithromycine. Grâce à ces deux médicaments combinés, son institut a des résultats à faire pâlir l’ensemble des autres hôpitaux français. D‘autres se sont d’ailleurs saisis de sa méthode un peu partout dans le monde (pas seulement en France, aux États-Unis et même en Algérie), parfois en y ajoutant du zinc, parfois en utilisant l’azithromycine seule, avec d’excellents résultats.
Ces deux « sommités », comme on aime les appeler, ont au moins un trait en commun : le pragmatisme. Et dans ce cadre, ils ne jurent tous deux que par un passage obligé : les tests. C’est d’ailleurs ce qu’ont fait tous les pays qui « s’en sortent bien » : Corée du Sud, Taïwan, la Chine après Wuhan, etc.
En revanche, ils sont totalement opposés sur d’autres terrains, en particulier par leur attitude face à la vie. Le premier, germanique de nature plutôt réservée, toujours dans le doute ; le second, méditerranéen exubérant, de nature très optimiste et plein de certitudes affichées.
Leur avis
Or, voilà, l’Allemand prévient depuis quelques temps déjà qu’une seconde vague pourrait être encore plus meurtrière que la première.
En revanche, le Français affirme qu’il n’y a jamais de seconde vague dans les infections respiratoires. Il nous donne l’exemple du SRAS qui n’a pas vraiment refait surface. Il insiste également en disant que ce sont généralement des phénomènes saisonniers et que tout cela passera avec le printemps et l’été, pour ne plus jamais revenir.
Alors, qui croire ?
Une question de bon sens
Comme toujours, je n’ai aucune paroisse. J’écoute tous les avis. Et je me forge le mien.
Si les sons de cloche venant de gens qui ont fait leurs preuves sont tous concordants, il est fréquent que je me range derrière leur avis… à moins que leurs conclusions soient totalement contraires à ce que me souffle le bon sens.
Lorsque c’est le cas, je me pose des questions et essaie de comprendre pourquoi mon bon sens est à contre-courant. Souvent, je réalise alors que mon bon sens était biaisé par des connaissances fausses, une erreur de logique, un oubli de certains paramètres importants, etc. C’est un exercice très intéressant qui permet de déceler nos erreurs. Je continue de douter fortement tant que je n’ai pas mis mon bon sens en défaut. Parfois, ce sont les experts eux-mêmes qui négligent certaines informations – qu’ils n’ont d’ailleurs pas toujours si elles sont dans des domaines connexes mais pas directement liées à leur domaine de pointe. Je trouve que c’est une démarche saine que nous devrions tous pratiquer.
Qui croire ?
Car lorsque les « experts » tout aussi crédibles ont des positions opposées, il ne me reste plus que mon bon sens. Qui vaut ce qu’il vaut…
En l’occurrence, on a là deux experts qui sont difficiles à départager. Quand à expertscape, je me méfie d’un classement « au nombre de publications ». J’ai été dans le monde de la recherche et je sais que quantité rime rarement avec qualité. Surtout que le Pr. Raoult est simplement co-signataire de nombreux papiers qu’il n’a évidemment pas écrits lui-même.
Pour commencer, ils peuvent très bien avoir tous les deux raison. Il ne s’agit là que de probabilités, et personne n’est aujourd’hui en mesure de prédire ce que l’avenir nous réserve, nous en connaissons encore trop peu sur cette maladie. Alors, on ne peut exclure que l’un ou l’autre des deux scénarios arrive : pas de vague ou grosse vague.
Mon bon sens
Je vous fais part de mon bon sens, qui vaut ce qu’il vaut. En Allemagne comme en France, nous sommes partis en début d’année avec 0 cas. Puis 1. Puis 2. Puis 10. On connaît la suite.
Que s’est-il passé ailleurs ?
Des « rebonds » ont eu lieu en Chine, en Corée du Sud, à Singapour et dans d’autres pays. Au Japon, dont la première vague a été très bien contenue, la deuxième vague fait les mêmes ravages aujourd’hui que la première vague en Italie.
Ces deuxièmes vagues sont d’ailleurs très souvent principalement « importées » par des voyageurs rentrant de pays contaminés. Or, il semblerait que nous rouvrions les frontières (en tout cas pour les autres pays européens).
Malgré ce qu’affirme le Pr. Raoult, des deuxièmes vagues arrivent bel et bien. C’est également le cas avec Ebola, qui fait des résurgences régulièrement.
L’immunité de groupe
Or, il semblerait que, début mai, seule une petite portion (peut-être 5 à 10 %) de la population ait « chopé » le SARS-CoV-2. Là-dessus tout le monde semble être d’accord. C’est largement insuffisant pour créer une « immunité de groupe », tous les spécialistes sont d’accord là-dessus.
En terme d’immunité, on se retrouvera donc exactement comme début mars avec très peu de cas. Mais, comme je l’ai rappelé plus haut, nous sommes partis avec 0 cas pour en arriver en quelques semaines à des centaines de milliers. Dans la mesure où très peu de gens ont développé une immunité, pourquoi une deuxième vague serait-elle différente de la première ?
Les impacts du climat
Début mai, l’impact du climat sur le Covid-19 n’est toujours pas clair.
Les différences entre différents pays sont extrêmement difficiles à analyser. Il y a trop de variables en jeu, comme je le rappelle dans mon article sur le Covid-19. Différences génétiques. Mutation du virus. Habitudes culturelles, alimentaires et de travail. Mesures prises à l’échelle nationale. Etc.
Il n’est toujours pas clair aujourd’hui si le virus préfère le chaud, le froid, le sec, l’humide… Pour rappel, MERS, qui est un coronavirus de même type, préfère le chaud…
On peut effectivement être tenté de miser sur le printemps pour éradiquer le Covid-19, comme pour la grippe saisonnière. Cependant, les mois de mars et avril ont été particulièrement cléments sur une grande partie de la France, on ne peut certainement pas dire que nous avons subi un hiver terrible. Peut-être l’épidémie aurait-elle été plus meurtrière si nous avions eu un véritable hiver. Difficile de le savoir.
Le chaos des épidémies
Les épidémiologistes ne cessent de répéter le mantra du fameux paramètre « R », qui régit la vitesse d’expansion d’une épidémie.
Le Pr. Raoult écarte ce paramètre, laissant entendre que les épidémiologistes ont des modèles bidon et qu’une épidémie est un phénomène chaotique. C’est vrai. Il rappelle que certains « super-contaminateurs » peuvent provoquer des contaminations en chaîne qui accélèrent la propagation de la maladie. Malgré tout, lorsqu’on regarde une population assez large dans son ensemble, des statistiques se dégagent. Pour rappel, les statistiques ne fonctionnent effectivement que sur des grands nombres. Ce n’est pas un hasard que des pays assez proches à tout point de vue comme l’Italie et l’Espagne aient des courbes de propagation assez semblables.
Je me suis amusé à faire quelques simulations, je publierai probablement un article sur le sujet plus tard. Ces simulations prennent justement très fortement en compte « l’aléatoire » . Et effectivement, en début d’épidémie, la modification d’un petit paramètre peut changer absolument tout. Encore mieux, dans certaines conditions, avec les mêmes paramètres de départ, on peut basculer de « aucune épidémie » à « population contaminée à 60 % » d’une simulation à l’autre.
La réaction de la population
Face à l’épidémie de Covid-19, il se dégage dans les populations mondiales deux camps, très distincts.
Il y a ceux qui « s’en fichent », qui pensent que rien ne va leur arriver. Ce sont principalement les populations d’Europe et d’Amérique du Nord. On peut aussi mettre les Japonais dans cette case une fois la première vague passée : tout s’est bien passé, on ne risque plus rien.
Et puis, il y a ceux qui connaissent et ont vécu les épidémies. Les Asiatiques, touchés de plein fouet par le SRAS. Les pays du Moyen-Orient, qui ont connu MERS. Les pays africains, qui ont, malheureusement, une grande habitude des épidémies.
Et on voit que, en terme de résultats, les vagues sont totalement différentes. Dans les pays où la population a conscience des gestes à faire en cas d’épidémie, la première vague a été très amoindrie (sauf à Wuhan dû à l’effet de surprise). Dans les autres pays, c’est la débandade.
Conclusion
Aurons-nous droit à une seconde vague ? Tout dépend de nous. De nos actions. Serons-nous trop confiants ? Préparons-nous alors à boire la tasse. Serons-nous non pas « apeurés » mais « lucides » ? Il ne s’agit pas de trembler ou de paniquer. Il s’agit juste d’être vigilants. D’agir comme le soldat qui, prêt à recevoir un coup potentiel, lève son bouclier pour se protéger.
Portez des masques. Si vous avez les moindres symptômes, restez chez vous. Évitez les endroits fréquentés. Tenez-vous à distance autant que possible. Ouvrez les fenêtres de vos bureaux au lieu d’utiliser la clim.
Plus facile à dire qu’à faire, je sais. C’est pourquoi…
Ma boule de cristal
Pour ceux qui veulent des prédictions, je m’y risque.
Voici ce que je vois dans ma boule de cristal :
- les Français n’ont pas la culture du masque,
- les Français n’aiment pas qu’on restreigne leur liberté chérie,
- beaucoup de Français vont suivre le Pr. Raoult, se disant donc qu’il n’y a aucun risque… après tout, il a bien dit en février qu’il n’y avait aucun souci à se faire en France « parce que les maladies infectieuses sont des maladies d’écosystème »,
- le Gouvernement a déjà tout fait pour empirer l’épidémie dès le début, et il continue,
- le printemps est là, les gens vont beaucoup sortir, faire leurs petites emplettes « compenser » pour ce mois « perdu et enfermé »,
- beaucoup vont se dire que le plus dur est passé.
J’espère sincèrement mal interpréter les nuages de ma boule de cristal. l’avenir nous le dira.
Il y aura une deuxième vague. Nous serons reconfinés. Il y aura même une troisième vague à l’automne. Nous serons à nouveau confinés.
Preuve MD5
Pour ceux qui liront ce blog plus tard, je vous propose un moyen de vérifier que le message principal de ma conclusion ne sera pas altéré dans le futur afin que je puisse m’y référer.
Copiez le texte du tout dernier paragraphe de la section précédente (le paragraphe de prédiction qui commence par « Il y aura une deuxième vague »). Allez sur cette page (ou utilisez l’outil de votre choix pour calculer un hash SHA-256) et copier ce paragraphe, sans rien enlever ou ajouter. Basculez sur SHA-256. Vous devriez trouver la chaîne suivante :
38026B19B2E7B87780302FEF471DD7A3FA34F3063F43F450B84645E63E6A0332
Pour vérifier que le paragraphe en question de ce post ainsi que le hash ci-dessus n’ont pas été édités depuis ce jour, vous pouvez également vérifier que ce hash figure dans une transaction de 45 Ğ1 effectuée dans la blockchain Ğ1 ce jour, à exactement 04/05/2020 22:45, au bloc #319538, dont le commentaire est exactement ce même hash. Ainsi, vous saurez que cela a été posté aujourd’hui.