Beaucoup se posent encore la question de la comptabilisation des morts Covid-19… peut-on réellement faire confiance à des chiffres qui sont hautement manipulables ? On entend même des médecins, que ce soit en France ou ailleurs, insister sur le fait qu’on les « force » à inscrire Covid-19 dans les raisons de décès de trop de patients, à leur goût. Alors, cette épidémie est-elle réellement surestimée ?
Fiabilité des données
Nous vivons dans un monde où le mensonge est partout. Les médias mentent sans cesse, parfois directement, parfois par omission. Et je ne parle même pas des membres du Gouvernement, girouettes qui ont dû perdre leur tête depuis longtemps tellement celles-ci tournent dans tous les sens à toute vitesse.
Je comprends bien que, quand on ne travaille pas à l’INSEE et qu’on ne connaît pas de proche de confiance y travaillant, on puisse être sceptique sur les agrégés fournis par cet institut.
Dans cet article, on a regardé l’évolution de la mortalité en France sur les 20 dernières années. On y a vu un événement majeur : la canicule de 2003, qui a considérablement affecté la mortalité pendant deux à trois semaines.
Je m’attache ici à utiliser les fichiers contenant tous les détails des décès : nom, lieux et dates de naissance et de décès. Ces fichiers représentent des données brutes qui sont très difficiles à falsifier. En effet, il ne s’agit pas ici de statistiques dont on peut douter des chiffres. Les noms et détails sont publics et peuvent être vérifiés par tous.
Nous sommes déjà mi-mai 2020, et les fichiers de mortalité d’avril 2020 ont été communiqués par l’INSEE. En général, ces fichiers sont relativement complets jusqu’à presque la moitié du mois qu’ils concernent. La deuxième moité du mois n’est pas fiable tellement elle est incomplète. On va donc s’arrêter à la mi-avril. Je viens d’intégrer ces données dans ma base de données, les nouveaux graphiques sont donc arrivés !
Courbes sur les 20 dernières années
Voici, pour rappel, le graphique de toutes les courbes de mortalité sur les 20 dernières années que j’ai publié il y a un mois :
On y voit très clairement se dessiner la canicule de 2003 (le grand pic rouge) et quelques épisodes grippaux un peu plus violents qu’à l’accoutumée (les épisodes les plus violents sont visibles, particulièrement de 2015 à 2018, en bleu clair, orange et rose clair à gauche et rose foncé à droite).
Alors, la Covid-19 va-t-elle être visible sur ce graphique dans les mois qui viennent ? Jugez-en par vous-même :
Je ne sais pas vous, mais de mon côté, je vois quelque chose de statistiquement nouveau et très clair, là.
Zoom sur les dernières années
Faisons un petit zoom sur les premiers mois des dernières années (2017-2020, de janvier à mai) :
Très clairement, le SARS-CoV-2 n’est pas un virus de la grippe « classique ». D’ailleurs, les données quelques jours avant l’arrêt de la courbe bleue ne sont pas encore complètes, la courbe devrait être plutôt quelque chose comme la ligne en pointillé que j’ai ajoutée à la main :
On ne verra cette courbe avec plus d’exactitude que… le mois prochain.
Au vu de ces courbes, je ne laisserai plus personne me dire que cette épidémie est « hoax ». Que ça plaise ou non, l’excès de mortalité est bien là, et il surpasse très distinctement toutes les épidémies qu’on a connues dans les 20 dernières années. Tout cela, malgré le confinement. Il y a fort à parier que, sans confinement, cette courbe serait allée bien plus haut, il est même probable que la surmortalité serait encore très présente aujourd’hui (mi mai).
Surmortalité en fonction de l’âge
On peut également s’intéresser à la surmortalité en fonction de l’âge.
Voilà les courbes de mortalité en fonction de l’âge depuis le début de l’année 2020 :
Surmortalité par tranche d'âge
On voit clairement que la surmortalité est en très légère hausse à partir de 60 ans (courbe grise). Pour mieux voir les effets, voici les mêmes courbes lissées et rapportées à 1 million de personnes :
L’effet est statistiquement très significatif pour les plus de 70 ans (courbe rouge) et vraiment important à partir de 80 ans (les deux courbes du haut).
On a là exactement les statistiques rapportées de la Covid-19.
Surmortalité en fonction des régions
Les données des fichiers des décès comportent le code postal du décès, on peut donc faire des statistiques région par région.
Il est donc intéressant de voir que la France n’est pas du tout touchée de manière uniforme. Certaines zones sont totalement épargnées par l’épidémie, tandis que d’autres souffrent de manière très claire. Voici une petite carte :
Surmortalité du 15 mars au 15 avril en 2020 comparé à la même période des années 2017 à 2019 (plus c'est foncé, plus la surmortalité est importante en 2020)
Sans grande surprise, on retrouve là ce qu’on connaît déjà, rien qu’avec le fichier des décès. L’informatique, c’est quand même puissant !
L’Alsace et les régions adjacentes, ainsi que la région parisienne et les départements au nord de celle-ci sont les plus touchés. Le Rhône, la Haute-Savoie et l’Ardèche sont également touchés. La Corse du Sud paie également un lourd tribut… L’ouest, et en particulier le sud-ouest, semblent particulièrement épargnés.
Quelques courbes sur quelques départements
Pour se rendre compte de ce que représentent ces couleurs, voici quelques exemples de courbes correspondant aux départements en fonction des couleurs (vous pouvez cliquer sur l’image pour avoir une meilleure résolution).
Il est très clair que certaines régions n’ont pas été beaucoup plus touchées qu’une grippe un peu sévère, mais sans plus, tandis que d’autres régions ont un pic de mortalité sans précédent. Presque 4 fois plus de morts dans le Haut-Rhin que la normale ! C’est du jamais vu.
Sur Paris, la vague a presque égalé en hauteur le pic de la canicule de 2003 (c’est l’une des zones les plus touchées de France dans les deux cas), mais est bien plus long (pour rappel, il manque encore des données et la descente de la courbe Covid-19 n’est en réalité pas aussi prononcée)…
Pour Paris, on peut donc dire d’ores et déjà que, dans les 20 dernières années, il y a eu deux événements majeurs qui ont affecté la mortalité de manière significative : la canicule de 2003 et la Covid-19 de 2020… mais on ne se confine pas contre une canicule (ou alors on met la clim !).
Les anomalies de la région lyonnaise
La région lyonnaise, où j’habite, est un peu particulière. C’est une région généralement assez touchée par les épidémies, probablement en partie en raison de la promiscuité d’une grande ville. Mais il y a une anomalie que je n’avais pas remarquée jusque là :
On voit très clairement la canicule de 2003, la grippe de 2016-2017, la Covid-19… mais aussi un pic en 2000, entre février et mars. En regardant la carte de France de la surmortalité par rapport aux années suivantes (2001-2005), il semblerait bien que seule la région lyonnaise ait été touchée :
J’ai cherché un peu et je n’ai rien trouvé de probant pour expliquer cette surmortalité très localisée. Si un lecteur a une explication, je suis preneur !
À l’époque, il n’y a eu aucune communication particulière, et évidemment pas de confinement. Une idée tout de même : il y a eu cette année-là un épisode grippal très sévère dans d’autres pays comme la Grande-Bretagne ou les États-Unis. Peut-être qu’un passager revenant d’un avion a ramené cette souche virulente, qui s’est alors répandue dans la région via les autres passagers. Les réseaux de surveillance de la grippe n’étaient pas aussi développés qu’aujourd’hui, et on n’a pas levé l’alarme à temps… le temps de s’en apercevoir, c’était déjà fini.
On remarquera au passage que l’épidémie a fait un léger rebond après la première vague passée. Espérons que la Covid-19 ne fera pas mieux… mais elle est beaucoup plus répandue sur le territoire. C’est d’autant plus curieux qu’il y a eu de grandes campagnes de vaccination « test » de 1998 à 2001.
Marseille, l’outsider
Les Bouches-du-Rhône offrent une situation assez curieuse, que je n’ai pas retrouvée ailleurs en France :
Marseille a dès la mi-mars 2020 une courbe… intéressante ! La mortalité diminue de manière significative. Avant de remonter. Mon explication ? Le confinement. Eh oui, n’en déplaise à certains, le confinement ne crée pas de surmortalité. Non seulement il sauve des vies en évitant une trop grande propagation de l’épidémie, mais en plus il sauve des vies tout court : lorsqu’on est chez soi, on court moins à droite et à gauche, on n’a plus le stress des bouchons 2 fois par jour, on n’a pas d’accident dans la rue…
En fait, Marseille est l’une des rares régions de France à avoir confiné avant que l’épidémie commence à sévir. On a donc un confinement précoce qui limite la mortalité, puis la Covid-19 prend le dessus… avec sans aucun doute aussi certains effets néfastes du confinement au long cours, même s’ils sont marginaux (accidents domestiques, dépression, évitement de soins qui auraient été nécessaires, etc.).
Conclusion
La Covid-19 a déjà modifié de manière significative les statistiques de mortalité, en particulier dans certains départements où la « vague » est sans précédent, malgré le confinement.
Aujourd’hui, mi mai, nous sommes déconfinés. Malheureusement, le Gouvernement ne promeut toujours pas des traitements qui permettent clairement de diminuer la mortalité de manière significative. Ce sont des traitements communs, pas chers, sans effets indésirables notoires et leur efficacité a été prouvée. Mais on nous dit « si vous êtes atteint de la Covid-19, cloîtrez-vous chez vous et priez pour que ça passe ». Qu’attend-on donc ???
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